Julien Labigne
Vous pensez que la magie et le mentaliste sont réservés aux salles de spectacle ? Détrompez-vous. Ce sont également des vecteurs qui permettent aux entreprises de transmettre de façon ludique leur message et leurs valeurs lors de leurs évènements corporate. Et cela que cela ne se résume pas à de simples tours de cartes. Julien Labigne, magicien et créateur de Yhellow, en est convaincu depuis longtemps : l’émotion, l’interactivité et la surprise peuvent faire passer des messages.
J’ai toujours été passionné par le théâtre. Et puis j’ai découvert la magie.
A seulement 37 ans, Julien a déjà un parcours artistique et créatif bien rempli. Très tôt, l’appel des planches se fait sentir. Et en parallèle d’études « traditionnelles » (DUT de gestion d’entreprise), il suit des cours de théâtre au Conservatoire de Drancy. C’est là qu’un ami magicien lui montre ses premiers tours, et c’est le coup de foudre. Dès la fin de ses études Julien veut se consacrer uniquement à la magie, et à l’évènementiel. On le croise dans des mariages ou lors de comités d’entreprises. Avec des amis il monte en 2003 un spectacle qui mêle habillement la magie, le stand-up et la comédie. Un succès qui écume les salles de Paris et de province pendant 10 ans, avec pas moins de 500 dates.
Véritable curieux et touche-à-tout, Julien s’intéresse aussi au mentalisme, une branche de la magie qui utilise à la fois la psychologie et les trucages, et qui permet de mieux connaître le fonctionnement de l’autre. Il écrit alors son premier spectacle solo en tant que mentaliste, « 4 secrets », pour lequel il obtiendra en 2013 le prix du « meilleur spectacle de mentalisme » aux Trophées des Spectacles Magiques.
A cette époque Julien partage son temps à part égale entre l’évènementiel, et le spectacle. Il rencontre alors Pierre Manu, illusionniste professionnel, spécialiste de l’Entertainment et formé à la communication relationnelle, avec lequel il s’associe. « A cette époque je commençais à me lasser du théâtre alors créer une société de communication où je pouvais mettre en pratique à la fois la magie, l’écriture et mes connaissances du monde de l’entreprise grâce à ma formation initiale était tout simplement parfait ». Yhellow – contraction de « yellow », la couleur préférée de Julien, de « hello » pour dire bonjour, et de « to yell » pour crier un message – est créée en 2014. « Je reste magicien, mais 80% de mon temps aujourd’hui est occupé par les conférences, l’animation de séminaires, de plénières ou de séances de team building ».
Chaque étape de mon travail est bordée. Je dois rassurer le client pour le convaincre.
On pourrait croire que l’univers de la magie est bien éloigné de celui, plus terre-à-terre, de l’entreprise, et que les dirigeants et managers seraient sceptiques face à la proposition de Yhellow. Mais c’est tout le contraire car Julien est tout sauf un farfelu. « Dans le mentalisme comme dans la magie on s’adresse à l’humain, et c’est ce qui compose et fait la force d’une entreprise. Quand on fait participer les gens, ils ne sont plus simplement spectateurs mais acteurs. La magie provoque de la surprise et de l’émotion. Dans ces situations les gens sont beaucoup plus réceptifs aux messages qu’on veut transmettre ».
Dit comme ça, cela paraît simple. Encore faut-il être en mesure de persuader le client que la forme, les animations, s’accorderont parfaitement au fond du message. « Nous travaillons à la fois avec des agences qui nous font confiance, et des clients en direct. Je rencontre donc soit le chef de projet, soit le client. Comme pour n’importe quel projet évènementiel ou marketing on me briefe. Les thèmes que les entreprises souhaitent aborder sont souvent récurrents : comment mieux collaborer, travailler sur l’esprit d’équipe, sortir des silos, mieux communiquer entre les services… Pour que le client visualise mieux je rebondis, je lui donne des exemples concrets. Je lui explique également les différentes étapes qu’il va devoir valider. Le script que j’écris est remis en amont. Et même s’il peut évidemment y avoir de l’improvisation pendant le déroulement, tout est cadré. Ça le rassure et il est convaincu dans 99% des cas ».
Vient ensuite pour Julien le moment de l’écriture, car chaque animation est unique. « On fait du sur-mesure. On peut à la fois faire une intervention dans le cadre d’une plénière, ou bien faire la mise en scène et écrire l’intégralité de l’événement ». C’est ce qui s’est passé pour une grosse société de travail temporaire. « On a tout écrit de A à Z. C’était la première fois qu’on gérait tout le contenu d’un événement. Le show durait environ 2 heures, avec des comédiens sur scène et 800 personnes conviées équipées de bracelets connectés pour le numéro final. On avait même costumé les dirigeants pour un sketch. Cela montre aussi leur implication dans le projet. C’était fabuleux, sur scène comme dans la salle. Il y avait une grande collaboration et une entière confiance entre nous et l’équipe dirigeante. On a créé de vrais liens, riches en émotion ».
Il y a 4 ans, Yhellow avait également participé à un événement qui l’avait marqué. « C’était pour un groupe d’agences immobilières. Ils fêtaient leurs 50 ans au Palais des Congrès. Il y avait 3 600 personnes invitées. On a travaillé plusieurs mois avec ce client. L’équipe dirigeante avait même accepté d’apprendre un tour de magie qu’ils faisaient sur scène. Quand on vous fait confiance à ce point on s’implique forcément émotionnellement. Un super souvenir, pour nous comme pour tous ceux qui y étaient ».
Pendant une heure, j’offre aux clients et aux invités une parenthèse de bienveillance.
Au fil des années Julien a travaillé pour de nombreuses entreprises, dont certaines, qu’il s’agisse de banques ou de groupes pétroliers, peuvent avoir parfois une mauvaise image auprès du public. Se pose alors la question de savoir si les valeurs qu’il doit défendre sur scène ne sont pas factices, uniquement destinées à masquer une certaine réalité. Au début de sa carrière, Julien s’est posé cette question « Quel est exactement mon rôle ? Est-ce que je défends uniquement des valeurs vitrines ? ». Pour lui la réponse est simple : on peut travailler dans l’illusion et le trucage, tout en défendant de vrais valeurs. « Quand je fais une intervention, je ne sers pas la soupe. Je parle d’humain, de valeurs positives. Ça n’est pas biaisé. Ce sont des valeurs auxquelles je crois et les gens le sentent. Les clients me disent souvent ensuite qu’ils ont constaté du changement, que les collaborateurs sont remotivés. Si je mentais ça ne marcherait pas ».
De la même façon, Julien se bat contre les magiciens/mentalistes qui vendent aux entreprises des formations à base d’outils psychologiques permettant soi-disant de vendre tout à n’importe qui « J’ai déjà eu plusieurs fois ce genre de demande, et je sais que certains le font. Mais c’est entièrement du « bullshit ». Et je le dis à mes clients. Parfois pour des teams buildings j’apprends aux gens des tours de mentalisme, mais c’est pour mettre en valeur la créativité, le travail collaboratif. Il ne s’agit pas de forcer quelqu’un à faire quelque chose qu’il ne souhaite pas faire. Je ne suis pas formateur et je le dis en toute honnêteté et transparence à mes clients. Je ne vends pas ce qui ne me paraît pas légitime ».
Même si les magiciens sont les rois de l’illusion, Julien met un point d’honneur à être toujours franc et direct avec ses clients. « Je défends mes idées, mes convictions et j’explique en quoi celles-ci vont contribuer à diffuer leur message. Mais il peut arriver qu’un client soit convaincu que son idée est meilleure. Dans ce cas je me dis que je l’ai prévenu, que j’ai fait de mon mieux. Au final c’est lui qui décide. Il faut être capable de mettre son ego de côté, de lâcher prise ».
« Lâcher prise ». Pas si simple lorsqu’on travaille dans l’évènementiel, un milieu où être accro à l’adrénaline fait presque partie des compétences requises pour le job. Pour Julien c’est une question d’équilibre. « J’essaye de ne pas me laisser emporter. J’ai d’autres passions, comme l’écriture de scénarios ou la musique. Et j’ai aussi envie d’être là pour ma fille, de partir en week-end, en famille et en vacances. Avoir un associé permet de se remplacer mutuellement de temps en temps, pour prendre du temps pour soi. Pour avoir du temps il suffit de le marquer sur son agenda ». Voilà un truc de magicien à la portée de tous.
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