Communication positive au travail : managers, remballez vos flatteries
Maître Corbeau sur un arbre perché… vous connaissez la suite et même la morale. Le flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. C’est pourquoi le manager moderne a compris que la flagornerie et les louanges à profusion desservaient son image et son équipe. Il préfère un discours sincère, encourageant et fédérateur. On parle de communication positive au travail. Les éloges surdosés laissent la place au compliment authentique et au feedback constructif. Les collaborateurs confiants gagnent en performance. L’entreprise les fidélise, c’est un marché équitable gagnant-gagnant. Maître Renard se trouverait fort dépourvu si l’article ci-après ne lui expliquait pas tout.
Flatterie vs compliment
La flatterie, une force de persuasion manipulatrice et calculée
La flatterie sert à faire plaisir ou à convaincre.
Beaucoup l’utilisent comme force de persuasion. Tel le renard qui miroite le fromage, on essaie d’obtenir les faveurs de l’autre en le complimentant. L’objectif reste simple : « endormir la conscience vigilante de l’interlocuteur pour qu’il lâche ce que l’on convoite », explique Elyane Alleysson, dans la lettre de l’École d’Analyse Transactionnelle.
Le flatteur n’est pas sincère, mais stratège. Il donne volontairement des signes de reconnaissance pour manipuler. Il appuie en priorité sur les faiblesses ou souffrances narcissiques de son interlocuteur. Celui qui se laisse abuser croit enfin son rêve réalisé.
La flatterie en entreprise
Le manager pense parfois que flatter simplifie les relations ou désamorce un conflit. Pourtant, le collaborateur comme le reste de l’équipe ressent le manque de sincérité, voire le mensonge. Complimenter à outrance engendre alors une ambiance malsaine où les salariés se sentent manipulés, exploités. Le manager perd la confiance de son équipe. L’équilibre entre les collaborateurs est rompu, jalousies et ressentiments émergent.
« Méfiez-vous, la flatterie, ça rend sourd », souligne Éric Vincent, auteur des Fabuleuses Fables Managériales, dans « La pub et le téléspectateur ».
Le compliment, juste pour faire plaisir, en toute sincérité
Authentique, le compliment ne coûte rien et apporte beaucoup. Féliciter l’autre pour son travail, pour sa bonne idée renforce sa confiance en lui, le nourrit en reconnaissance et l’encourage à continuer.
Les félicitations régulières aident à accueillir la critique. On le note chez les jeunes enfants qui doivent apprécier leur potentiel.
À savoir que certaines personnes peinent à accepter les compliments. Pudeur, humilité, blessures de l’âme ou croyances limitantes peuvent expliquer cette réticence. Il convient alors de respecter cette réserve. Un simple regard ou un sourire parle parfois autant que les mots.
Flatterie ou compliment ? C’est l’intention qui tranche
La puissance de l’intention marque la barrière entre le compliment et la flatterie.
👉 Un compliment est un acte vers l’autre, la flatterie, un geste pour soi.
🔁 La bienveillance pousse à féliciter, la manipulation à influencer.
👉 Courtiser appelle l’ego et la vanité, congratuler fait écho aux points positifs de l’autre.
Voilà, c’est dit !
La communication positive au travail, c’est quoi ?
Tout manager rêve de la parfaite équipe : soudée, performante, visionnaire et heureuse de collaborer. Son rôle ? Assurer les conditions favorables à cette ambiance pour une qualité de vie au travail optimale. Comment ? Devinez…
Une communication positive est une communication efficace, portée sur le bien que l’autre ressent. Il ne s’agit pas de chercher le bonheur constant et la bonne humeur invariable. La communication positive, comme la psychologie positive, se base sur le respect et l’empathie pour générer confiance et collaboration. L’assertivité prévaut et pose la limite entre le compliment sincère et mérité d’une flatterie manipulatrice.
La communication positive impose donc la transparence. Le manager, comme l’ensemble de l’équipe, expose ses idées et fait valoir ses opinions dans le respect de l’autre. Grâce à une communication positive, il transmet sa pensée, des informations et des émotions.
Le manager manie le « oser dire » avec délicatesse et tient compte de la réceptivité de l’interlocuteur.
Il choisit ses mots avec soin, maîtrise sa tonalité et verbalise de manière positive.
Il surveille sa posture, son langage corporel, se montre souriant et détendu.
Enfin, il pratique l’écoute active et considère son interlocuteur dans la conversation. Cohérence et l’harmonie de la relation sont ses maîtres-mots.
À l’inverse, une communication négative laisse libre cours à la critique, voire à l’humiliation ou à l’agressivité. Le manager fait preuve d’autoritarisme.
Les effets de la communication positive en entreprise
Pourquoi bien communiquer influence les équipes ? Comment la force du langage impulse les résultats ?
Des collaborateurs confiants
Nous l’avons vu, les compliments augmentent la confiance en soi. La communication positive dynamise la collaboration, les échanges se fluidifient. Donner des feedbacks sincères et constructifs permet à chacun de prendre conscience de ses forces et de travailler ses axes d’amélioration. L’équipe apprend même à puiser dans les ressources transversales. Les tâches se répartissent selon les compétences et les softs skills de chacun. Le groupe devient homogène.
Des outils tels que DISC, la process com, ou encore les profils d’ennéagramme, par exemple, peuvent aider à une meilleure compréhension de soi, de l’autre. Par ricochet, ils permettent une adaptation plus pointue et plus efficace dans les comportements relationnels.
De la performance collective
Face à une faute, le manager ne cherche pas le responsable, mais la solution. Il préfère la notion d’alternative à celle de contrainte. Cette transparence et l’acceptation du droit à l’erreur encouragent la prise de risque. Les collaborateurs sont donc motivés, engagés et impliqués dans une démarche dynamique.
Performance, efficience et travail de qualité découlent alors naturellement de cette équipe libérée, saine et équilibrée.
Des salariés fidélisés
Est-ce utile de préciser qu’un salarié qui se sent en confiance, dans une dynamique d’évolution professionnelle, libéré de toute peur n’aura pas envie de quitter l’entreprise ? Les encouragements réguliers du manager lui prouvent qu’il a sa place dans la société. Il trouve donc le sens nécessaire à toute mission réussie. Pourquoi démissionner ? La culture du compliment nourrit le besoin primaire de reconnaissance.
7 clés pour une communication managériale efficace
Adopter un discours sain, fédérateur fait avant tout appel aux softs skills et au respect mutuel. Voici 7 pistes pour s’exprimer efficacement et devenir un leader inspirant.
1 – Gérer ses émotions.
Les émotions influencent notre comportement. Bien communiquer suppose de ne pas se laisser entraîner par la colère, la peur ou même la joie. La communication reste raisonnée et axée sur le besoin et l’objectif.
2 – Prendre conscience de ses croyances limitantes.
Se libérer des pensées négatives et évoluer en toute objectivité permet un langage optimiste.
3 – Parler positivement
L’idée consiste à remplacer un message négatif par son équivalent positif. « N’oubliez pas, demain, réunion dès 8 h » devient « Demain, on commence la journée ensemble ». Plus avenant, non ?
4 – Pratiquer l’écoute active.
La communication, c’est un émetteur et un récepteur. Si le courant ne passe pas, si l’information n’est pas fluide ou si la relation est tendue, la communication ne sera pas efficace.
5 – Faire preuve d’empathie.
Se mettre à la place de l’autre et capter ce qu’il ressent suppose trois niveaux d’éveil. La compréhension des émotions (empathie cognitive), le partage des émotions (empathie affective) et la bienveillance.
6 – Faire appel à l’intelligence émotionnelle.
Capter le ressenti de son interlocuteur permet d’adapter son comportement et son discours de manière situationnelle.
7 – Choisir le bon outil de communication.
Les managers disposent de plusieurs méthodes de communication positive, notamment pour résoudre les conflits :
- la communication non violente (CNV) pour s’exprimer clairement ;
- la méthode DESC pour différencier les jugements des faits ;
- la méthode OSBD (observation, sentiment, besoin, demande) remplace les pensées anxiogènes de jugement, d’évaluation, de stratégie et d’exigence.
Notre cher Maître Renard baisse la tête et fait demi-tour. Il préfère chercher une bonne raison pour que Maître Corbeau prenne plaisir à partager son fromage. Le manager, pour sa part, a la solution toute trouvée. Elle se situe à la jonction de l’enjeu de l’entreprise et de la quête du salarié. Il a compris que flatter n’était pas jouer. Mieux vaut complimenter avec sincérité et privilégier le respect. La communication positive est désormais sa plus belle alliée.