Sylvie Dali
Définir le travail de Sylvie Dali est une gageure tant ses compétences sont larges. Direction artistique, programmation artistique, mise en scène… L’inventaire ne saurait être exhaustif. Et ça tombe bien car aux mots Sylvie préfère les images. D’abord celles qu’elle a dans la tête quand elle crée. Et puis celle qui résume le mieux son travail depuis 20 ans : faire le pont entre deux mondes qui ont parfois du mal à se comprendre, celui de la culture et de l’entreprise, grâce à l’évènementiel. De sa passion Sylvie a fait un métier qui n’existait pas. Et comme la passion est souvent communicative, Volcanic a choisi de la partager.
« La danse, la musique et le cinéma ont toujours fait partie de ma vie »
Entre Sylvie et la danse, c’est une longue histoire d’amour. Pas uniquement la pratique mais aussi l’écriture de spectacles, de chorégraphies. « Quand j’étais enfant j’écrivais des comédies musicales. Vers 15 ou 16 ans j’ai écrit la chorégraphie d’un défilé de coiffure. En fait j’ai toujours écrit. ». Son père, musicien, préfère lui éviter à l’avenir les galères du milieu artistique. Sylvie se tourne alors vers les langues. Avec un master d’anglais, suivie d’un DESS de langues, elle s’oriente d’abord vers le professorat d’anglais, sans réelle motivation. Si elle hésite à trouver sa voie, c’est que ce qui l’anime se trouve ailleurs, dans la danse et la musique qu’elle continue à pratiquer sous forme d’option pendant tout son parcours universitaire.
Afin de se rapprocher un peu de ce qu’elle aime, Sylvie intègre après la fac l’IESA , une école des métiers de la culture. Elle effectue un de ses premiers stages au sein du festival Onze bouge . A l’époque, elle ignore encore qu’elle en fera partie pendant 22 ans jusqu’à en devenir Directrice Artistique Danse. En parallèle de ses études, elle intègre la grande famille Disney. Elle fait partie de ces dizaines de danseurs costumés que les spectateurs voient devant les chars lors des parades. « J’ai beaucoup appris là-bas. Costumes, maquillage, direction lumière…J’observais tout et j’apprenais. Il y avait les parades pour le public mais également des happenings pour les hôtels. J’ai même travaillé comme assistante sur certains évènements. C’est une très bonne école. J’y suis restée 3 ans. C’est un monde à part, où on peut faire toute sa vie, y habiter, travailler, se marier…Mais je voulais voir autre chose ».
Quelques dizaines de CV plus tard, Sylvie reçoit plusieurs réponses favorables dont une de François Robertet alors patron de l’agence artistique Harmonies en direct . « A l’époque François cherchait à moderniser l’agence. Il voulait travailler avec quelqu’un de plus jeune, avec un autre profil et proposer quelque chose de différent à ces clients. Quelque chose de plus créatif, à mi-chemin entre la mise en scène et l’agence artistique : une vraie création artistique, mise en scène pour traduire les problématiques des entreprises, quelles qu’elles soient. A l’époque amener les artistes vers le monde de l’évènementiel ne se faisait pas. Il ne s’agissait pas de proposer une simple animation entre deux interventions mais bien de réfléchir puis de créer des tableaux sur-mesure pour l’événement, en utilisant la musique et/ou la danse, le théâtre, le cirque ou encore le chant sous toutes leurs formes du moment qu’il existe un vrai lien entre l’événement, et la création. J’ai eu la chance que François me fasse confiance, notamment dans mon approche créative avec la volonté de faire cohabiter des langages différents, comme la danse hip-hop et la musique classique avec des chanteurs lyriques par exemple. Il était d’une extrême gentillesse et j’ai beaucoup appris à ses côtés ».
Aujourd’hui François Robertet est décédé mais Sylvie Dali continue en free le travail qu’ils avaient initié, avec toujours la même volonté de rapprocher les genres artistiques et les gens, artistes, clients et public.
« Je cherche toujours à présenter quelque chose qui a du sens »
A de rares exceptions près Sylvie ne travaille que pour des agences. Ce sont elles qui lui présentent les souhaits du client via un brief. Parfois il est très précis, parfois un peu moins. Mais pour Sylvie le travail de réflexion et de recherche est un prérequis. « Je fais des recherches sur la société, sur ces produits ou ses services, son histoire, sur le lieu où doit se dérouler l’événement, dans quel contexte…Je demande également quel est le thème de l’événement s’il y en a un, et pourquoi. Je tiens toujours à ce qu’on repose le brief le plus précisément possible afin que mon travail soit totalement intégré à l’événement ».
Sylvie peut intervenir sur une partie d’un événement, créer l’événement dans sa totalité, ou travailler de concert avec un concepteur d’agence qui a déjà écrit le spectacle. D’un brief à l’autre, d’un client à l’autre c’est toujours différent. Et c’est une des raisons qui lui font aimer son métier. « Mon travail n’est pas directement d’écrire des mots, un scénario, mais des images, de traduire visuellement ces mots, qu’ils appartiennent à l’univers d’un fabricant de voitures, d’un labo pharmaceutique, d’une banque, d’une entreprise agro-alimentaire ou d’une marque de luxe ».
Au fil des années Sylvie s’est spécialisée dans le luxe. Pour autant chaque client, même apparemment éloigné de son univers, peut être à l’origine d’un « bel » événement. « Je me souviens d’un événement pour une banque, au Pavillon Gabriel, géré par un organisateur spécialisé dans les grandes soirées parisiennes. Ce genre d’événement ne s’était encore jamais fait. Un dîner était organisé, avec une population étrangère, majoritairement américaine. On a proposé au client de créer quatre tableaux vivants d’après des peintures célèbres. Le cadre de scène était recouvert d’un cadre doré, comme pour un tableau grandeur nature. Nous avions travaillé chaque détail des costumes, du maquillage et de la ressemblance aux personnages pour être le plus proche possible de l’œuvre originale. A chaque étape du menu correspondant un tableau. D’abord en « arrêt sur image », il se mettait ensuite à vivre et à s’animer sous les yeux des invités. Les personnages envahissaient ensuite la salle puis retournaient dans leur cadre. Ensuite le rideau se fermait jusqu’au tableau suivant. C’était vraiment magique, à la fois élégant et théâtral ».
Pour Sylvie les critères qui déterminent un bel événement ne sont pas qu’esthétiques. Il y a également lorsque le client s’investit dans le processus créatif, en participant aux recherches musicales par exemple, quand il fait confiance à Sylvie et comprend sa démarche artistique. « La phase de création est celle que je préfère. Dans ce cas je m’oublie totalement. Je suis emportée par les images que j’ai dans la tête. J’écris, quel que soit l’endroit et le moment, y compris dans mon lit le soir. C’est un moment merveilleux. Alors quand cela rencontre les attentes du client, que nous travaillons dans le même sens voir parfois ensemble, c’est encore mieux. Un bel événement c’est aussi une histoire de confiance ».
« Les artistes et le corporate parlent un langage différent. Je fais le lien entre les deux »
Les artistes. Cela fait plus de 20 ans que Sylvie les côtoie, les briefe, les protège. « Il existe un fossé entre le monde de l’entreprise, et celui des artistes. Je me situe entre les 2 et j’essaie de faire en sorte qu’ils se comprennent, et que chacun respecte les besoins de l’autre. Ça n’est pas toujours facile. Je fais en sorte d’être toujours présente sur un événement, pour vérifier que les artistes sont bien traités car ça n’est pas toujours le cas ». Absence de loge, d’eau à disposition (Sylvie a toujours un pack d’eau dans sa voiture), voire de repas en nombre suffisant sont autant de situations qui font monter Sylvie au créneau. Et si cela ne suffit pas, à repartir avec ses artistes.
Il y a aussi des évènements pendant lesquels les artistes ne peuvent effectuer leurs prestations dans de bonnes conditions. Comme lorsqu’un comédien, harcelé par un directeur de production malveillant, s’acharne sur lui au point de le rendre incapable de dire son texte correctement. « C’est sans doute l’une des plus mauvaises expériences que j’ai eues. J’ai dû gérer l’événement et tous les artistes seule – ce qui n’était pas prévu ainsi avec l’agence – et avec un directeur de production exécrable. J’essayais de faire tampon avec mes artistes et je me faisais insulter. Le comédien avait perdu tous ses moyens, et au final le public trouvait ça drôle et pensait qu’il s’agissait d’une performance comique, ce qui n’était absolument pas le cas. Le client n’a rien vu, mais pour moi et le comédien ça a été très pénible ». Il y a également eu un événement pour une grande marque de luxe où le directeur musical, embauché en free, a voulu mettre dans la même salle un chanteur lyrique haute-contre et DJ d’Ibiza, sans éclairage ni réglage son adaptés. « Ce fut un désastre. Les gens n’entendaient rien, il n’y avait aucun fil rouge pour l’événement. Le DJ était là pour les paillettes, la facilité. Il y avait également une contorsionniste, que le public admirait plus pour ses formes que pour son numéro. J’avais tellement honte ! ».
Cela fait une quinzaine d’années que Sylvie a décidé de ne plus se laisser marcher sur les pieds ou que quelqu’un marche sur ceux de ses artistes, quitte à refuser un projet. Si elle prend les choses à cœur, ce n’est pas une question d’égo mais de respect pour le travail de ses artistes, de ses clients, et le sien. Un événement réussi est le fruit d’une précieuse alchimie entre tous les intervenants, clients, prestas, et participants. Il faut trouver le juste équilibre entre la forme, et le fond, et dans le cas de Sylvie entre l’artistique (« la cerise sur le gâteau de l’événement ») et le corporate. Pour compléter son métier, elle pratique le yoga, une activité qu’elle enseigne également en tant que professeur depuis 3 ans, mais qui reste parallèle. Pas question qu’elle quitte les artistes pour l’instant.
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